Réduire la main-d’œuvre en maraîchage
Sans salarié depuis presque deux ans, Mélanie et Grégory Bonnement ont fait le choix de davantage mécaniser la production de leurs légumes et de revoir leurs débouchés.
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Mélanie Bonnement s’est installée en 2004 sur la ferme familiale à Chevrières dans l’Oise, en reprenant les terres de son oncle. Elle intègre alors le Gaec laitier composé de son père, de sa mère et de ses deux cousins. Son mari, Grégory, les rejoint en 2009 et crée un atelier maraîchage.
Jusqu’en 2018, la structure possède 150 vaches laitières et 350 ha. Cette année-là, les parents de Mélanie partant à la retraite, elle et son mari quittent le Gaec pour créer l’EARL des Courtis. Cette dernière compte aujourd’hui 100 ha de grandes cultures et 25 ha de prairies. Les semis, récoltes, épandages et coupes de foin sont réalisés en commun avec le Gaec.
Le couple cultive par ailleurs 3 ha de légumes de plein champ en protection intégrée, dont 1 ha de pommes de terre et des bandes de 3 000 à 5 000 m² d’oignons, courges, choux, carottes nouvelles… 5 000 m² de serres plastiques non chauffées permettent de compléter la production (salades, tomates, aubergines, poivrons, concombres…). Au total, 25 à 30 espèces sont cultivées en fonction des années. Ce qui représente une grande charge de travail. « Entre mars et novembre, c’est du non-stop », témoignent Mélanie et Grégory, seuls pour tout gérer.
Bineuse autoconstruite
De 2019 à 2022, un salarié était présent pour gérer la partie maraîchage, mais il a démissionné en pleine saison. Échaudés, ils ont fait le choix de ne pas réembaucher et de s’organiser pour limiter le temps de main-d’œuvre. Notamment pour le désherbage des légumes.
Ils ont ainsi investi dans un banc de désherbage Toutilo à deux places. Il leur permet aussi de récolter les échalotes et les oignons et de planter les poireaux. Les exploitants n’avaient pas jusqu’à maintenant de bineuse. « Nous sommes en train d’en autoconstruire une pour limiter le désherbage manuel, exposent-ils. Nous allons la tester cette année. »
Le couple a par ailleurs revu les quantités de légumes produits pour toutes les espèces, en passant de 4 ha de plein champ en 2021-2022 à 3 ha aujourd’hui. « Rien n’a changé sous les serres, mais nous avons davantage de haricots rame car il est plus facile à cueillir que le haricot nain cultivé auparavant », illustrent les agriculteurs. Ils vont aussi essayer des variétés de tomates rampantes afin de réduire le temps de tuteurage des plants.
Recentrage sur la vente directe
« Lorsqu’il y avait un salarié, nous livrions une partie des légumes à deux associations de consommateurs sur Paris, mais nous avons arrêté », explique le couple qui s’est recentré sur la vente directe dans leur boutique. Elle est ouverte une demi-journée de moins par semaine qu’auparavant. Le distributeur automatique, mis en place en 2021 dans le village, juste à côté d’une des parcelles de maraîchage, prend le relais.
Ils fournissent aussi des cantines de collège via Approlocal. « Pour autant, nous n’avons pas observé de baisse de chiffre d’affaires. Il a même augmenté par rapport à la période avant le Covid », se félicite Mélanie. Le nombre de clients aussi a progressé : ils sont 100 à 150 à venir sur les deux demi-journées d’ouverture.
Les agriculteurs ne manquent pas de projets. Ils souhaitent notamment améliorer la conservation des légumes d’hiver grâce à une nouvelle chambre froide, qui devrait être opérationnelle cet automne. « Avant nous récoltions manuellement, au fur et à mesure, raconte Grégory. Désormais nous avons une machine, mais il faut arriver à bien stocker les légumes à partir de novembre. »
Ils ont aussi commencé à construire un deuxième banc de désherbage pour une utilisation en 2025. Et le couple réfléchit à irriguer par aspersion dans les serres, à la place du goutte à goutte, ce qui permettrait de mettre les légumes sous bâche et de réduire le temps de binage.
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